Ce jour-là, il l’avait invité à déjeuner. C’est ainsi que j’eus, par l’intermédiaire de mon père, quelques nouvelles de Bastien.- Bastien travaille dans la sécurité privée. Il gagne très bien sa vie. Il s’est finalement bien remis de la mort de ses parents.- Tant mieux. Ça n’a pas été simple pour lui.- Non. En plus, Michèle l’a plaqué peu de temps après, le pauvre.- Oui je sais... Mais que veux-tu y faire ? Ce sont leurs histoires.- Et Michèle vit une histoire très sérieuse avec le fils de Max.- Oui j’ai appris ça.- Je t’avoue que j’aurais rêvé mieux pour ma fille.- Je te comprends ! Il paraît que c’est un vrai coureur de jupons.- Mais rassure-toi, on dit aussi qu’il s’est calmé.- Je l’espère. Et j’espère surtout qu’il rendra Michèle heureuse, le temps que ça durera.Un après-midi, après le travail, je vais fêter ma nouvelle promotion au Cuba Libre avec mes collègues Charlotte et Reine. Le nouveau barman avait une coiffure hérissée ! Nous en plaisantâmes un moment puis Reine mis sur le tapis le sujet du super agent.Celui que l’on nommait ainsi nous était complètement inconnu mais on en parlait beaucoup au sein de la S.I.M.S, surtout parmi les femmes ! Cet agent était un agent de diamant qui avait résolu plusieurs affaires à lui tout seul. C’était la crème de la crème. Seules les meilleures étaient sélectionnées pour travailler avec lui et celles qui avaient eu cette chance le décrivait comme un homme distingué et extrêmement beau. Nous le connaissions sous son alias : Baptiste Vaughn.- J’aimerais tellement travailler un jour avec lui ! Pas toi ? me demanda Reine- Bien sûr. Mais pas pour les mêmes raisons que toi. J’aime Quentin. Je ne vais pas m’amuser à flasher sur le super agent.J’apercevais mes deux belles-sœurs derrière le bar...- Evidemment ! Mais cela voudrait dire que nos compétences professionnelles sont reconnues.- Oui. Ecoute, il faut que j’aille saluer mes belles-sœurs. Elles ne m’ont pas encore vue mais ça ne saurait tarder.- Ta belle-sœur est flic ?- Oui.- Alors changeons de sujet ! Il n’y a rien de tel que les flics de quartier pour fouiner là où il ne faut pas !- Charlotte ! se choqua Reine.Mais Charlotte avait raison. En plus, Elsa était un très bon enquêteur. Il ne manquerait plus qu’elle découvre ma double vie. J’allai la saluer. Elle aussi était venue se détendre avec une collègue après le travail et Amandine les avait rejointes.- Ta grossesse est bien avancée dis-moi !- Et tu travailles encore ?- Plus pour longtemps. Je suis bientôt en congé maternité. Je peux t’assurer qu’il me tarde !- J’en suis sûre ma pauvre ! dis-je en la prenant dans mes bras. Je venais à peine de m’asseoir que mon portable se mit à vibrer. Maman avait laissé un message pour que je la rappelle. Elle voulait m’annoncer la naissance de Lucie, la fille de Claire et Alistair.- Quoi ? Mais c’est merveilleux !... Oui... Amandine et Elsa sont avec moi... ça marche... on vous rejoint là-bas !Nous nous sommes tous retrouvés devant chez Claire. Papa entra le premier. Il était très ému :- Alors ça y est ma grande ? Pas trop fatiguée ? - Si un peu mais je suis tellement heureuse ! - Moi aussi, ma chérie ! - Oh mais que tu es jolie, Lucie ! N’est-ce pas Maman qu’elle est jolie ?J’étais complètement gaga ! Et j’adorais mon rôle de tatie.- Elle est magnifique ! Claire nous raccompagna dehors pour nous dire au revoir. Nous étions encore tous sous le charme de la petite Lucie. Et alors que chacun rentrait chez soi, heureux d’avoir vu le nouveau petit membre de la famille, je décidais d’accompagner Olivier et Amandine jusque chez eux pour embrasser mon autre nièce. Emilie et moi avons tissé des liens très forts grâce à toutes ces fois où je l’ai gardée. Depuis que je travaillais, je ne la voyais plus aussi souvent et elle me manquait beaucoup. Emilie était une petite fille très bavarde qui avait toujours quelque chose à dire. J’adorais l’entendre babiller. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. - Je crois que Papa et Maman sont là car il est temps pour toi de dormir. (Moi) : C’était si court...(Olivier) : Je sais mais il est déjà tard...(Amandine) : Allez, va faire un câlin à Tatie Michèle !Cela me fendait le cœur de la laisser mais c’était ainsi.- Je vais revenir te voir bientôt, c’est promis.- T’aime Tatie- Oh ma choupinette ! Moi aussi je t’aime. [...]Un soir, alors que je rentrais à la maison, Papa et Maman étaient en train de jouer au lancer de fer à cheval. Ils ne m’avaient pas vue arriver. Et heureusement, car j’étais vêtue d’une grande robe d’époque, et je n’aurais pas su trouver une explication plausible pour justifier un tel accoutrement ! J’avais enquêté tout l’après-midi dans le milieu des reconstitutions historiques et finalement réussi à identifier un agent double que l’agence recherchait depuis longtemps. Cet exploit me fit terminer la journée en beauté avec une nouvelle promotion. J’encadrerai dorénavant un groupe d’agents. Mes amies Charlotte et Reine en faisait d’ailleurs partie. Allez une petite douche ! Voilà qui est mieux !Je pouvais enfin aller dire bonjour à mes parents.Je les entendis spéculer sur mon arrivée :- J’entends des pas, ça doit être Michèle !- Tu as raison ! Allons voir.Mais j’arrivai à eux avant qu’ils ne viennent à ma rencontre :- Bonsoir tout le monde !- Bonsoir ma chérie ! Tu rentres bien tard, dis-moi, fis mon père l’air de rien.- A qui le dis-tu ! lui répondis-je. Il a fallu que je passe plusieurs coups de fils internationaux et avec le décalage horaire, ce n’est pas simple. J’avais vraiment hâte de rentrer. Je suis vannée !- Tu vas te reposer maintenant ma puce.Je m’empressai quand même de rassurer mes parents sur le fait que je pourrais rentrer tard dorénavant. Je les ai senti inquiets et je ne voulais qu’ils le soient chaque fois qu’une mission me retardera.Ce mois-là, Quentin et moi nous retrouvâmes à l’Eruption solaire. J’étais tellement prise par mes nouvelles fonctions que je n’avais plus temps à moi. Je devais gérer une trentaine d’agents et leur attribuer leurs missions. Mais j’avais aussi un travail de titan à fournir en amont et en aval, comme les recherches sur les différentes cibles de l’agence ou les debriefings à la fin de chaque mission, sans compter tous ces rapports à rédiger... Ce soir-là, je décidai de prendre un peu de temps libre mais Quentin s’attristait beaucoup de ma non disponibilité.- Tu te rends compte qu’on ne se voit plus...- J’en suis consciente mais je travaille dur. Ne l’oublie pas.- Tu travailles dur ? Tu es une petite secrétaire ! En quoi ne peux-tu pas être disponible pour ton petit ami ? Je ne comprends pas.- Je fais juste mon travail. Et mon patron me paye en heures supplémentaires.- Peut-être. Mais pourquoi ces heures de nuit ?- Ecoute Quentin, nous avons des clients à l’international. Je suis parfois obligée de rester tard pour leur passer des appels téléphoniques. Tu ne vas quand même pas me le reprocher, non ?- Non. Mais je suis jaloux de tes clients. Je te voudrais toute à moi.- Je suis avec toi ce soir, pas vrai ?- Oui. Et j’apprécie beaucoup.- Moi aussi. Alors arrêtons de parler boulot, tu veux ? J’ai besoin de me détendre.- D’accord ma chérie. Et si nous allions discuter dehors pour prendre un peu d’air frais ?Quentin et moi nous assîmes sur un banc non loin du bar à cocktail. Il avait emmené un énième verre avec lui.- Qu’est-ce que j’aime ces moments seul avec toi !- Moi aussi. Je t’avoue qu’ils m’ont manqués.- Alors, plus jamais on ne laissera passer autant de temps sans se voir.- Plus jamais. Je te le promets. Travail ou pas.Et j’étais sincère.- Et si nous allions faire un petit tour jusqu’à la plage ?- Volontiers. J’ai besoin de me dégourdir les jambes après une journée entière passée assise sur une chaise !(ou plutôt à courir partout après des ennemis de notre gouvernement... mais ça, je ne pouvais pas le lui dire.)Je me sentais si bien, mon amour près de moi. Je savais que je devais me lever tôt le lendemain mais peu importe. Quentin était là. Je ne voulais pas que cet instant finît.- La nuit est si belle, si calme...- C’est vrai. L’instant est magique, me dit-il. Il me tendit alors une rose rouge :- Voudrais-tu accepter cette rose ? Elle représente mon amour pour toi. Si tu l’acceptes, tu acceptes aussi de devenir ma femme. Qu’en dis-tu ?Sur le moment, je crus avoir mal compris...- Je...- Quentin ? Tu viens de me demander en mariage ?- Oui, c’est ça.- Je t’aime si fort que je ne veux plus que nous soyons séparés. - Alors oui, j’accepte ! J’accepte, Quentin. J’accepte !- J’en suis ravi. Allons chez moi. Tu veux bien ?Bien sûr que je le voulais. J’attendais cette demande en mariage depuis tellement longtemps ! C’était la plus belle soirée de ma vie et elle semblait ne pas vouloir finir. Quelle chance j’avais. Lorsque nous arrivons chez mon fiancé, il est déjà fort tard. Nous nous installons sur sa terrasse et discutons langoureusement de choses et d’autres. Tous deux avions des étoiles dans les yeux. J’étais si heureuse. Mais c’était compter sans l’arrivée de Rose, la sœur de Quentin et aussi ma future belle-sœur...- Rose ? Tu n’es pas encore couchée ? s’étonna Quentin.- Je n’arrive pas à dormir. Il fait trop chaud. Je viens un peu lire dehors à la fraîche !Quentin me regarda, très ennuyé :- Je suis désolé Michèle...Mais Rose répliqua :- Et pourquoi serait-il désolé ? Tu n’es pas contente de me voir, Michèle ?- Bien sûr que si ! Tu sais comment est ton frère non ?- Alors c’est vrai ? Il t’a demandée en mariage ?- Oui. Tu es bien renseignée...Quentin coupa court à notre conversation :- Bon ! Michèle, et si nous allions dormir ? On travaille demain !Quentin me conduisit dans sa chambre, comme il l’avait fait au début de notre idylle.- Je suis navré, me dit-il, mais c’est la seule excuse que j’ai trouvée pour me débarrasser d’elle. Elle ne nous aurait pas lâchés sinon.- Je comprends. Ne t’en fais pas...- Et tu as l’air dans de meilleures dispositions que la première fois où je t’ai emmenée ici.- Je ne sais pas, en réalité. J’y suis venue pour échapper à ta sœur. Prends-moi plutôt dans tes bras.- Je t’aime ma chérie. Tu es ma fiancée. Officiellement, ne l’oublie pas. Alors ne doute pas s’il te plaît. Quelque chose m’arrêtait. Je ne comprenais pas moi-même pourquoi...- Je ne doute pas. Je crois que ne me sens pas prête, c’est tout ! Je t’aime, je t’assure !- Ça je le sais Michèle ! Mais nous allons bientôt être mari et femme. Il nous faut passer à la vitesse supérieure !Je finis donc par me rendre. Après tout, toutes mes amies ne me disaient que du bien de l’aventure « cracotte » ! Alors de quoi avais-je si peur ? Lorsque nous eûmes terminé, il était aux anges, et moi, je me sentais mal, jusqu’aux tréfonds de mon âme. Mais comment lui dire ? Je me rendis à son baiser passionné.- Tu as été merveilleuse, ma chérie. Je t’aime tant !Rassurée par ses paroles, je me convainquis que les prochaines fois seraient meilleures.Pourtant, il fallait que j’en parle à quelqu’un et Maman me semblait la meilleure alliée. Elle ne semblait pas souffrir de son amour avec Papa.- Je ne sais pas quoi te dire. Ton père a été ma première fois et je l’ai trouvée magnifique. Aimes-tu réellement Quentin ?- Bien sûr que je l’aime mais cet acte... Sommes-nous obligées de faire cela ?- Ce n’est pas une obligation, ma chérie. C’est une évidence lorsque tu aimes ! Et en plus, cet acte, comme tu dis, te permets d’avoir des enfants !- Peut-être mais je n’aime pas ça. Je préférais quand nous nous aimions sans cela.- Si tu aimes vraiment Quentin ma chérie, cela passera tout seul et tu apprécieras de toi-même. La première fois peut être parfois très délicate chez certaines femmes...- Me voilà rassurée ! Je l’aime tellement que je ne voudrais pas qu’il soit déçu de moi !Quelques jours plus tard, Papa était en pleine ébullition. Il avait appelé mes frères Olivier et Charles ainsi que ma sœur Claire pour les inviter à dîner et leur annoncer mes fiançailles. Il s’était même lancé dans la préparation d’un homard thermidor et avait dressé une table de fête pour l’occasion. Ils avaient bien sûr tous les trois répondu présents. Papa fit son annonce au milieu du repas.- Un peu d’attention tout le monde ! J’ai une grande nouvelle à vous annoncer ! Notre Michèle vient de se fiancer !